L’ORNE ET SES VICISSITUDES
La rivière l’Orne qui traverse Auboué sur 2670 m de long coule sur trois départements. Elle prend sa source à Ornes dans la Meuse, elle mêle ses eaux à celles de la Moselle à Richemont, d’où 86 Km d’un cours lent, sinueux, recueillant l’eau du vaste plateau de la Woëvre. Sur le territoire Aubouésien elle a deux affluents, le Ruisseau dit de Ste Marie approvisionné par les eaux du haut plateau de Ste Marie, alimenté par trois sources ( Glacifontaine, Rosières et Chapelle) et avant la récession économique, par l’exhaure de la mine de Ste Marie aux Chênes, et le Woigot (1200 m sur le territoire communal).
Des renseignements recueillis sur un questionnaire posé aux écoliers locaux le 1er août 1888 par l’instituteur de l’époque M. Marlier. Nous apprennent que vers 1801, le bras ouest en amont du pont a été creusé artificiellement afin de diviser le volume des eaux dans les grandes crues et de rendre moins violentes les poussées de la nappe liquide sur les arches de l’est. La commune, pour indemniser les propriétaires qui avaient fourni l’emplacement du canal, leur abandonna des portions de près au lieudit “Pré de Longuyon”. Malheureusement nous n’avons pas la certitude du creusement de ce “bras” (situé actuellement entre la MJC et la salle des sports) faute d’avoir pu trouver un plan des lieux datant de cette époque. Quant aux terrains donnés en échange par la commune, ils se trouvent au bord du bois de la Sarre, près du Woigot, en face des cités dites Cités de la Cartoucherie, route de Moutiers. On y relève aussi, sur ce devoir des jeunes de l’époque, qu’ils dénommaient les deux ruisseaux de Ste Marie et du Woigot, des torrents.
On y note aussi toutes les espèces de poissons qui s’y trouvaient: “Perche, grémille commune ou cordonnier, le chabot commun, carpe, barbeau, goujon, tanche, brème, chevenne, vandoise ou gravelet, naze ou nez (en patois aucan), l’ablette, loche franche, brochet, truite saumonée ou commune, alose, anguille vulgaire, ammocète, lamproie. On pêchait également l’écrevisse. Les pêcheurs allaient vendre leurs prises jusqu’au marché de Metz.
Les anciens se rappellent des “passages dans l’eau” à l’aide de chariots tirés par des chevaux et assurés par les fermiers du pays, place de la République (place de la Poste) et devant le moulin, rue de la gare permettant à cet endroit de transporter les utilisateurs des chemins de fer, bloqués par ces inondations. On se demande comment les ponts de bois sur l’Orne pouvaient résister à la fureur des eaux au XIII° et même au XVII°siècle, lorsqu’ils furent réédifiés en pierres. En 1933 ils furent reconstruits.
Pour pallier à ces inondations, souvent fort dangereuses, il y eut bien des discussions au sein des conseils municipaux. En mars 1938 il fut question d’un curage de l’Orne et du Woigot, mais nos édiles ont jugé que le curage préconisé n’était pas nécessaire… On en reparla le 11 septembre 1958, sans suite (question finance), mais entre temps en 1956, il fut procédé au rehaussement de la chaussée de la RN 381 (RN 43 actuellement), rue Colonel fabien depuis les environs de l’Hôtel de Ville jusqu’à la place A. Lebrun et également en 1958-1959 Place de la Poste, ce qui n’empêcha pas la création d’un syndicat intercommunal qui aboutit à un curage de l’Orne sur le territoire d’Auboué en 1967-1968 et ensuite étendu aux communes environnantes riveraines. Bien sûr, on peut toujours constater des inondations mais moins importantes qu’auparavant. On en profita pour rectifier les méandres du Woigot près de son affluent avec l’Orne (au fond du stade), ce qui permit plus tard la construction de la station d’épuration, mise en service en 1972. Depuis il aurait été question de la possibilité de création d’un plan d’eau pour régulariser le niveau de l’Orne. Il était question de l’édifier depuis le Viaduc de Sidélor, côte de Coinville jusqu’aux environs de la ferme de Serry, mais des problèmes d’inondations possibles se posent… Le curage et le rehaussement d’une partie de la RN auront bien atténué les risques engendrés par ces inondations.
S’il est agréable durant les beaux jours de se promener sur les bords de l’orne, où les pêcheurs sont encore présents, rappelons nous les baignades au bas de la côte de Coinville, au lieudit “La Saule” où M. Coutarel, débitant de boissons, y avait installé une buvette très fréquentée avant la dernière guerre et durant l’occupation. Mais l’Orne, comme tous les cours d’eau a été dangereuse, hors inondations.
Le 22 juin 1941, alors que les promeneurs discutaient de l’attaque allemande contre l’URSS, Bosior Wladyslaw d’Homécourt âgé de 29 ans disparu alors qu’il nageait à la baignade ‘la Saule’. L’Orne qui n’y était pour rien, fut aussi témoin de méfaits de cette dernière guerre.
La rivière l’Orne qui traverse AUBOUE est un cours d’eau tranquille, serait-on tenté de croire. C’est vrai, sauf quand lorsqu’elle se « fâche » et arrose copieusement toutes les habitations rues, places, jardins, situés en bordure de son cours. Depuis toujours, les Aubouésiens, comme les riverains des localités sises en amont et aval de ce cours ont connu et connaîtront encore bien des ennuis avec ses inondations.
LES TROIS COURS D’EAU
Si l’on se réfère à un questionnaire géographique en date du premier Août 1888, soumis à des élèves de l’époque par l’instituteur M. Marlier, il a été répondu: “L’Orne, affluent de la Moselle, traverse le territoire du sud au nord, son cours est des plus tranquilles, la pente étant presque nulle. Les alluvions déposées par les eaux consistent en galets calcaires, on y voit peu de vase. Les rives, depuis un temps immémorable ont sensiblement conservé la même direction, la différence entre les plus basses et les hautes eaux, dans le cours d’une année, est d’environ 1,50 m. En 1810 elle dépasse 2,50 m au pont et en 1824 la crue atteignait un mètre au-dessus du sol du jardin de M. Parisselle (on en ignore l’endroit) point le plus élevé qui ait été observé de mémoire d’homme. Ces inondations extraordinaires n’ont point changé la direction du lit de la rivière.
Le Woigot ou ruisseau de Briey, qui a son confluent avec l’Orne à Auboué vient de Moutiers. Son cours, pour peu qu’il tombe un orage dans la région prend une allure torrentueuse, malgré les courbes nombreuses qu’il présente. Les alluvions qu’il transporte sont déposées dans l’Orne en majeure partie: la pente du Woigot et assez forte pour débarrasser les rives des ensablements qui pourraient s’y produirent, elle a été utilisée pour l’établissement d’un moulin à Auboué.
Le torrent de Géranaux (ruisseau de Ste Marie) à sec pendant la plus grande partie de l’année, amène dans l’Orne, en aval du pont, l’excédent des eaux de St Ail et de Batilly.
En ce qui concerne les inondations dans notre cité et particulièrement celles provoquée par l’Orne, nous citerons certains passages fort intéressants d’un article intitulé “Les colères de l’Orne paru en février 1995 dans le N°5 des “Chroniques Joviciennes”.
1882 – Crue de l’Orne record du 19° siècle
1910 – Un peuplier s’abat dans l’Orne et un ouvrier revenant de son travail, surpris par les flots est emporté sur 200 m, il parvient à s’accrocher à un chariot, il est sauvé par trois hommes.
Décembre 1919 – Suite à une tempête, rue de la Gare, près du Moulin, l’eau du Woigot envahit la route (15 à 20 cm) les voyageurs durent s’aventurer dans une sorte de lac.
Place du Centre, un débit de boisson et une brasserie sont inondés (30 cm) et de ce fait le passage en direction de l’usine s’effectue en voiture à cheval.
Janvier 1920 – Nouvelle inondation
Fin octobre 1924, suite à des pluies diluviennes, le passage vers la gare et la place du centre se fait grâce à des voitures et chevaux mis a la disposition des utilisateurs par la ferme Cheminé.
Fin 1947 – Une crue centenaire, inondation au passage du moulin vers la gare – Place du Centre – Rue de l’Hôtel de Ville – Place du Monument, deux mètres d’eau par endroit. Le café des Sports, les bâtiments et habitations du Moulin, la boulangerie Adam, la boucherie Fossati sont bien éprouvés, la rue 11 novembre ravinée, un mur de 40 m de long en agglomérés emporté par les eaux.
Malgré les travaux de curage de l’Orne (1968-1973) on connut encore des inondations en 1981-83-88-89-1990).
Le 20 décembre 1993 la station d’épuration est recouverte par les eaux de même que l’îlot (actuellement Place de Gaulle) ou le chantier de reconstruction de la nouvelle MJC est menacé Mais le 22 décembre la décrue s’amorce.
ANNOTATIONS
En décembre 1967, la salle des Fêtes municipale du fait d’une inondation de la rue de 11 novembre, et d’une partie de la Place du Monument est recouverte d’eau. Près de 30 cm sur son plancher. En 1969, la force de la crue détruit un pilier central de l’ancienne passerelle, prés de la salle des fêtes.
Le 3 février 1990, une sorte de tornade s’abat sur la région et à Auboué, des toits et cheminées endommagés. On vit même la toiture de l’ancienne centrale de l’usine, rue Cavallier soulevée et enlevée par le vent.
Dans les années 1930 (sans pouvoir préciser) un jeune garçon tomba accidentellement dans l’Orne, en début de crue dans les jardins de Pilot rue des ponts, et heureusement sauvé un peu plus loin par un ouvrier qui put le happer au passage.
Lorsque notre ville était fort connue sportivement grâce à son excellent basket, l’Orne se ‘‘permit’’ d’envahir une partie de la place devant le Foyer des Sports où se déroulait une rencontre de championnat de France Les supporters venus encourager les joueurs quittèrent les lieux de justesse à la fin de la rencontre en empruntant une petite passerelle installée à la sortie du Foyer des Sports passerelle dressée avec des bancs juxtaposés).
Toutes ces crues ont toujours gênés la circulation, rue de la Gare, à la partie basse devant le Moulin, et sur la place du Centre (Place de la République, actuellement place de la Poste) lieux où les chevaux de la ferme Cheminé véhiculaient les passants ou riverains, traînant des chariots voire même des tombereaux.
La place Charon (actuelle place A. Lebrun), la rue de l’Hôtel de Ville en partie et rue du 11 novembre furent elles aussi, à certains moments, recouvertes par les eaux.
Mais depuis les travaux de rehaussement de la RN 381 (RN 43 maintenant) de 1956 à 1959, la rue du Colonel Fabien (ex rue de l’Hôtel de Ville) Place A .Lebrun et Place de la Poste n’ont plus connu ces désagréables inondations.
Un immeuble par contre, qui n’a en principe jamais échappé aux inondations, c’est le Café des Sports, Place de la Poste, qui n’existe plus depuis plusieurs années.
Pour éviter les crues rehaussement de la R.N.
Nous relations les inondations dont AUBOUE fut victime aux 19éme et 20éme siècle. Celles-ci, comme n’importe où du reste, provoquèrent beaucoup de dégâts et de gènes aux populations riveraines, mais, en ce qui concerne notre cité, de par sa situation dans la vallée de l’Orne, une grande partie des habitants devaient s’attendre, surtout en hiver, à de graves inondations de leurs caves, granges, remises, jardins potagers et même des maisons d’habitation.
Jadis, la voie romaine VERDUN-TREVES, après avoir traversé la Woëvre, longeait la rivière ORNE et passait dans le village, formant carrefour avec la voie de METZ à MONTMEDY. Au 13ème siècle cette voie romaine passait sur le pont en bois, enjambant l’ORNE et il est déjà signalé qu’à cette époque, ce pont était “malmené” par les crues.
AMÉLIORATION DES VOIES
La route en question, appelée ultérieurement route nationale, était inondée à deux endroits, vers la mairie et dans la “cuvette” qu’elle formait au lieu-dit place de la Poste. La rue menant à la Gare, elle, était recouverte près du Moulin par les eaux du ruisseau le WOIGOT.
Au 19ème siècle, la circulation sur ces routes qui ressemblaient plus à des chemins, peu larges, se faisait pédestrement ou en voitures tirées par des chevaux, la traction automobile n’étant pas encore une réalité. Mais petit à petit, ces voies furent améliorées 1887, le conseil municipal de la commune refusait l’agrandissement en largeur de 8 m de la rue de Coinville. Certes, ces rues, même celle dite nationale, laissaient à désirer au point de vue largeur, comme en ce qui concernait la qualité du tapis. Avec le début du 20ème siècle, début aussi de l’industrialisation de la région elles furent sensiblement améliorées.
Ces trois endroits vulnérables que nous citons (mairie – place de la poste – rue de la gare) n’étaient pas assez élevés pour ne pas subir l’envahissement des eaux de crues. C’est la raison qui incita la municipalité à prévoir un rehaussement de la RN 381 (BRIEY- METZ) et les autorités préfectorales en furent saisies. La direction des Ponts et Chaussées (maintenant l’Équipement) désigna son inspection de BRIEY (M.SCOAZEC ingénieur) afin de dresser des plans, études et calculs d’évaluation des coûts.
Ces deux rehaussements eurent lieu en deux fois.
1 – En 1956, depuis l’ancienne école de filles (près de la mairie) jusqu’à la place A. LEBRUN, aux environs du premier pont.
Ce rehaussement fut assez conséquent puisque plusieurs escaliers extérieurs ont disparu devant l’école, l’accès à la mairie (quatre marches), autant devant le débit de boissons, l’épicerie dans l’ancienne maison FELIX et plus encore ( 6 marches) devant la maison de l’ancienne auto-école « DAL ZOTTO » tous ces immeubles étant maintenant de plain-pied avec les trottoirs. Ces travaux virent la disparition des arbres qui longeaient la chaussée de l’entrée du pays à la mairie.
2 – C’est en 1958-59 que la place de la poste fut rehaussée, ce qui plaça le Café des Sports (FANCHINI) en contre bas de la place, lui qui la bordait avec ses pompes à essence (immeuble disparu depuis plusieurs années et terrain maintenant occupé par le parc (Espace de la Paix). L’ancien bureau des PTT (actuellement salle GAUGIN) lui aussi est en contrebas.
Mais on juge plus facilement de ces transformations en comparant les photographies actuelles avec les cartes postales d’avant 1956.
Par contre, le troisième endroit vulnérable, près des anciens moulins, rue de la gare, n’a subi qu’une petite modification de la chaussée, mais les eaux n’y viennent plus depuis quelques temps. La rue des ponts (rue des Martyrs) qui avait subi tout de même, bien avant le rehaussement, un élargissement, fut mise en réfection en 1991-1992 (chaussées et trottoirs) avec encore élargissement des deux ponts. Celui sis entre la pharmacie et la place de la poste, vit ses piliers bien renforcés. II faut préciser que toutes les routes et trottoirs ont été nettement améliorés, ainsi en 1993-94 des travaux d’aménagement d’une partie de la RN 43 et de ses trottoirs entre les ex cités de Géranaux et la limite de la commune avec GRIMONAUX Ste MARIE furent entrepris.
En 1995 réfection de la route et trottoirs partiellement pavés, création de créneaux de stationnement en bordure de la RN, aménagement de la place A. Lebrun et auparavant Place Gal Leclerc (près de la mairie).
C’est le 14 mars 1933 sur le conseil municipal décida de donner le nom de “rue des Ponts” à la voie sur l’îlot, puis “rue de Metz” à la portion de voie entre la place de la Poste et la limite communale.
Enfin en hommages aux fusillés, déportés de la dernière guerre, la rue des Ponts devint “Rue des Martyrs” (délibération du 27 Août 1945).