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Déraillement Spectaculaire à Auboué Au mois de septembre 1971

Comme tous les jours, des rames de wagons de minerai descendaient de la mine du Paradis de Batilly vers Auboué où elles sont mises sur une voie de raccordement avant d’être dirigées vers les hauts-fourneaux d’Homécourt, Joeuf et Rombas. Vers 17h15, une rame de 34 wagons chargée de 3500 tonnes de minerai, tractée par un diesel, descendait conduite par deux mécaniciens de la S.N.C.F.

On ne sait pour quelle raison, brusquement, les freins des wagons ne répondirent plus. Seuls ceux du tracteur fonctionnèrent. La rame prit de la vitesse malgré les efforts des deux chauffeurs, ceci en raison de la pente de près de 6% existant entre la mine du Paradis et Auboué. On suppose que le convoi a parcouru plusieurs kilomètres à une vitesse de prés de 100 km/h, avant de pénétrer dans la gare et dérailler. Tous freins bloqués, le tracteur poussé par les wagons faisait jaillir des flammes que les habitants du tunnel purent apercevoir. Il était 17h41.

Le tracteur et le premier wagon passèrent l’aiguille, mais le second wagon dérailla. Avec un force terrible, les wagons s’écrasèrent contre lui, se coupant en deux. Faisant voler des essieux, des ressorts et des morceaux de métal de tous les cotés. Sur près de 200 mètres les voies furent ravagées, les wagons s’enchevêtraient les uns dans les autres, et l’un d’eux percuta le coin du bâtiment d’aiguillage. Puis ce fut le calme, tandis que les habitants du quartier de la gare, ayant cru à un tremblement de terre ou à la chute d’un avion, sortaient de leurs appartements, se demandant si c’était la fin du monde.

Le spectacle qu’ils voyaient était incroyable. De tous côtés, des wagons étaient écrasés, coupés en morceaux, leurs carcasses gisant sur les côtés des voies privées de la S.N.C.F, les caténaires étaient renversé ; Les dégâts dépasseraient 5 millions de francs. Aussitôt, les responsables de la SNCF arrivaient sur les lieux, suivis du lieutenant ANDRIEU, de la compagnie de gendarmerie de Briey, des pompiers, tandis que Monsieur BERTRAND, maire, venait aux nouvelles.

On se précipita vers le tracteur qui avait continué sa route avec le premier wagon, les attaches avec le second wagon ayant sauté, mais il n’y avait plus personne. On retrouva sur la voie, à quelques mètres, un chauffeur, M. Joseph DANIEL de Jarny, qui dans sa chute s’était fracturé un poignet. Il fut transporté à l’hôpital de Briey. On fit rechercher le second chauffeur et on le retrouva à plusieurs centaines de mètres de la gare, dans le talus ; il avait sauté de son véhicule et les pompiers le transportèrent également à l’hôpital, sérieusement choqué. Il s’agit de M. Gilles habitant Verdun.

La chance a tout de même joué dans cet accident, car on se demandait ce qui aurait pu se passer si le drame était survenu en gare à l’arrivée du train de voyageurs venant de Jarny à 17h47. Tard dans la nuit, un wagon-grue est venu de Metz afin de dégager la voie. Un autre venant de Châlons-sur-Marne, plus gros, a été également amené sur place. Plusieurs équipes étaient sur les lieux dans un wagon de cantonnement. Le travail s’est poursuivi ainsi jour et nuit, jusqu’à ce que tout fut rentré dans l’ordre. Les wagons les moins endommagés ont été remis sur leurs roues chaque fois que cela fut possible. Pour les autres pas trop déformés, des roues furent placées dessous. Mais là où il ne restait du convoi qu’un amas de ferraille, tout fut découpé au chalumeau.

Dés le lendemain une voie unique était ouverte à la circulation ferroviaire. Le trafic normal des voyageurs fut alors rétabli. Étant donné les perturbations entraînées par cet accident, la mine Wendel-Sidelor a été mise provisoirement en chômage technique, les postes de nuit ont donc été supprimés plusieurs jours. Les travaux au fond de la mine se sont poursuivis avec les équipes prévues par convocations individuelles. La S.N.C.F avait mis des cars à la disposition de ses voyageurs jusqu’à la fin des opérations de déblaiement et de réparations.

L’enquête s’est poursuivie afin de déterminer les causes de ce déraillement, qui a mis hors d’usage 25 wagons, certains coupés au chalumeau et évacués par fragments.

L’état de santé des deux cheminots qui se trouvaient aux commandes des machines est satisfaisant. Admis à l’hôpital, ils souffrent de cassures et de commotions sans gravité.

Peu après l’accident, M. Meley, directeur de la mine du Paradis, s’était rendu sur les lieux avec MM Dessenoix, Rampont et Seghi, les responsables de la SNCF étaient également présents.

Durant toute la journée, les gendarmes et les pompiers d’Auboué étaient sur les lieux pour interdire l’accès et prévenir tout accident.

Le bilan de ce déraillement est donc lourd, surtout au point de vue financier.

Aucune victime n’est heureusement à déplorer, les trains de voyageurs circulant sur cette voie ont été immédiatement stoppés après le déraillement.

Article du républicain Lorrain