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Les cités de Géranaux

C’est au point culminant d’Auboué à 230 mètres d’altitude que la société de Pont-à-Mousson fait construire les cités de Géranaux par une entreprise locale, les frères Buzzi.

Pendant la période de 1906 à 1910, sort de terre la cité ouvrière portant le nom du lieudit: Géraneaux. Au cadastre on la situe près des côtes de Metz et le champ ’’ Molène’’.
Elle comprend une série de maison parallèles, séparées par des jardinets et côté Grimonaux on construira un lavoir collectif, avec deux bassins, un pour le lavage, l’autre pour le rinçage.

Vingt et un logements, au bord de la rue de Metz seront réservés pour les cadres techniques et quatre-vingt-douze, à l’arrière, pour les ouvriers ; ce sont des 2 pièces, 3 pièces ou 4 pièces d’une superficie allant de 40 à 55 m2.
Tous les logements comprennent un étage, un grenier et une cave. Au bout du jardinet se trouvent une petite écurie et les WC (c’est une fosse avec un trop plein qui s’évacue dans le collecteur d’un réseau qui se termine dans un bassin de décantation appartenant à la société de Pont-à-Mousson, construit au bas des cités de Géranaux et qui aboutit au ruisseau de Sainte-Marie).
L’électricité entre à l’intérieur des maisons en 1931, et l’eau sur l’évier après 1945.
Les derniers WC seront démolis après l’affaissement minier de 1996, rue Cousin et rue Vilain.
Au recensement de 1991, on comptait à Géranaux 699 habitants dont 514 étrangers soit 75,4 %.
La rue principale avait été baptisée « Alfred PICARD » et on retiendra quelques noms de rue : Cousin, Vilain, Bailly.
Au bout de la cité, il y avait la place Linder, souvent transformée en terrain de foot par les garçons, au grand désespoir des parents qui voyaient le ballon endommager leur récolte de légumes, dans les jardins qui entouraient la place. Au fond de cette place, un grand escalier en béton conduisait les mineurs vers la halte de la ligne de chemin de fer privé Auboué-Moineville ; Ils l’empruntaient deux fois par jour pour se rendre à leur travail.
Les travaux de la ligne de chemin de fer et le quai d’embarquement ont été réalisés entre 1928 et 1930, lorsque la société de Pont-à-Mousson avait décidé de déplacer le siège de la mine d’Auboué au Paradis, commune de Moineville.
La population de Géranaux qui était avant la guerre 1939-1945, ouvrière à 100%, vivait pauvrement. A quelques exceptions près, il n’y avait qu’un seul salaire par famille, et pour arrondir les fins de mois, tous les habitants, en plus du jardinet, cultivaient un champ, élevaient poules, lapins et cochons, et à l’occasion les femmes et les adolescents devenaient des saisonniers en participant à la cueillette des fraises en Moselle ou des raisins en Champagne.

Prosper Denis a aussi demeuré à Géranaux, côté rue de Metz. Pendant la guerre 39- 45. Il s’est distingué par son audace et son courage. Prisonnier dans un stalag, il s’évade et rejoint le maquis en Tchécoslovaquie, il combattra avec les partisans et obtiendra de nombreuses décorations à la Libération. On retiendra aussi la participation de Denis Prosper dans la section de marche de Joeuf-Auboué et sa présence dans de nombreuses compétitions, entre autre Paris-Strasbourg à la marche.

Les deux guerres du XXème siècle ont laissé de mauvais souvenirs aux habitants de Géranaux. En 1914, lorsque les Allemands pénètrent à Auboué, ils font évacuer les Italiens dans leur pays d’origine et occupent les logements de Géranaux qu’ils transforment en caserne, avec parcs pour le matériel et les chevaux.
Au cours de la guerre 39-45, ce sont des jeunes gens engagés dans un réseau de résistance, qui seront victimes de la répression féroce des nazis. Boz Daniel, Ippolito Narcisse, Koziol Henri, Giro Eugène seront fusillés à la Malpierre à Champigneulles. Koziol Wladislaw, Merriggiola Dario décèderont en Allemagne dans un camp de concentration.
A la libération, au cours de la rafle du 2 septembre 1944, tous les hommes seront emmenés en otage à Sainte-Marie-aux-Chênes et Fabbri Guido sera abattu par les SS de la division DASREICH. Une stèle sur la place Linder rappelle ce sinistre évènement.
En 1957, Messieurs Giagnioni (père et fils), de vieux Aubouésiens bien connus dans le monde du bâtiment où ils travaillent en qualité de plâtriers, créent une nouvelle entreprise locale sur le site de Géranaux ; une fabrique d’agglomérés prend le jour. Dès le début, ce sont 2500 agglos qui sortent chaque jour avec les moyens du bord. Malgré cette production importante l’entreprise aubouésienne est loin de satisfaire la demande.
Auboué trouve là une nouvelle branche d’activité, qui hélas se terminera au mois de mars 1972 lorsque le premier affaissement minier touchera les cités de Géranaux. Le dernier hangar qui avait été transformé en garage sera détruit en 1999.
En 1972 et en 1996, deux affaissements miniers ont eu raison de ces vieilles bâtisses presque centenaires et les bulldozers ont achevé le travail. Les habitants ont quitté Géranaux pour d’autre lieux.