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COINVILLE près d’AUBOUÉ

L’origine des noms AUBOUÉ et surtout COINVILLE demeure vague et parfois contradictoire. Les archives municipales, hélas, n’ont pas permis de trouver des « trésors d’information » ! Mais les travaux de M. R. DEHLINGER, « Cartulaire de la Prévôté de BRIEY », (IMP. GILLET BRIEY) et les inventaires des archives départementales antérieurs à 1790 permettent une approche non négligeable.

LES AXES ROUTIERS ET L’ÉTYMOLOGIE

Avant l’époque romaine, deux axes routiers reliaient METZ à THIONVILLE, et à LONGWY, ce dernier passant par LORRY gagnait le gué d’ AUBOUE pour se diriger vers Moutiers haut.
Pour l’étymologie d’ AUBOUÉ on peut déjà se baser sur cet axe routier de jadis avec le fameux « gué ». N’était il pas question de l’expression « Au gué » qui serait devenue « Auboué » et, en 1314, « AUBOUÉ deçà l’eau », Comté de Bar sur l’Orne, et encore n’ a-t-on pas dénommé notre cité « BAMVADUM » certainement à l’époque de la colonisation romaine, dénomination qui semble n’avoir aucun rapport ou approche avec le nom « AUBOUÉ ». Mais on a cité aussi « Au bois » ? En ce qui concerne Coinville, il aurait été dénommé ainsi comme étant la 5e lieue, soit « Quint ville » plus approchant.

LE CHRISTIANISME

D’après DEHLINGER, le Christianisme se serait implanté en Lorraine à partir du IVe siècle. Donc, on pourrait en déduire que Coinville aurait pu exister comme paroisse dès l’an 500. Des cités, le Christianisme aurait rayonné vers les campagnes et les lieux de culte les plus anciens, sièges des futures paroisses, se reconnaissant au fait qu’ils avaient les patronages les plus vénérables, ceux de Saint Martin, Pierre, Etienne ou celui de la Vierge.
Une liste des localités les plus anciennement christianisées peut-être établie :
Saint Martin protège Conflans, Hatrize, Mance et Moutiers. Saint Pierre, Boussange et Norroy le Veneur. Saint Jean le Baptiste, Coinville. Saint Etienne, St ail. Sainte Marie aux Chênes offrant sa dévotion à la mère du Christ.
La chapelle de Coinville, seul sanctuaire avant la formation d’Auboué, était située à l’emplacement de l’actuel cimetière près de la ferme dite « de Coinville » et c’est certainement cette ferme qui était, du moins, une partie de l’ancienne abbaye. En 1139, le Pape Innocent II confirmait à l’Abbesse de Sainte Glossinde de Metz (Supérieure du Monastère « Femmes ») les biens et privilèges de cette abbaye et en particulier les villes et églises de Coinville, Moineville, Hayange etc…
Les archives les plus anciennes partent de l’an 1666 ; Un registre des baptêmes mariages décès, tenu à cette époque par les curés, en témoigne, et sur la paroisse de Coinville il y eut 13 prêtres de 1666 à 1802 et 15 prêtres de 1802 à 1833 (date de construction de l’Église à Auboué), 7 prêtres se sont succédé à la tête de la paroisse, qui depuis 1802 devait être celle du village d’ AUBOUÉ – Coinville devenant un écart d’ AUBOUÉ. On peut supposer que la chapelle de Coinville est restée en service jusqu’en 1833-34, années de la construction de l’église à AUBOUÉ et que depuis 1824 les desservants demeuraient à AUBOUÉ. Par contre on trouve trace de la demeure des curés de Coinville (avant 1824) à SERRY, commune alors, comme celle de Moineville qui étaient desservies par des curés de Coinville.
Bien que l’on connaissait les noms des prêtres de cette paroisse de Coinville depuis 1666, on a retrouvé des précisions sur certains de ceux-ci. Ainsi le 12 septembre 1724, Thomas MANGEOT prêtre, a pris possession de la cure à laquelle il avait été nommé par l’Abbesse. A sa mort, le 6 septembre 1727, Hubert LELORRAIN lui a succédé, lequel meurt le 3 janvier 1743 et, fait étrange, c’est le curé de St Etienne de la ville de METZ qui prendra en plus de sa charge messine, celle de l’église de Coinville. C’est l’archiprêtre d’Hatrize, Charles BERTRAND, qui de 1744 à 1775 dirige la paroisse. L’église aurait été démolie en 1833.
Coinville, lieu dit de la ville AUBOUÉ, a donc connu ses heures de gloire. Ne re-trouve-t-on pas sur d’anciennes cartes le nom de Coinville et pas celui d’AUBOUÉ !

PARLONS DU BOIS DE LA SARRE

Un Aubouésien d’aujourd’hui peut se demander pourquoi certains bois communaux et domaniaux qui couvrent des parties de territoire de plusieurs communes, dont la nôtre, sont nommés « Bois de la Sarre » ? Certains font un rapprochement avec la Sarre allemande ou la rivière du même nom prenant sa source dans les Vosges et se jetant dans la Moselle. Mais Sarreguemines, où ce cours d’eau passe, est assez loin de la région. C’est donc faux.
C’est encore R. DEHLINGER qui nous donne la réponse ignorée de beaucoup de Briotins, Moustériens, Homécourtois et Aubouésiens : Les premiers défrichements et essartages des forêts de Trieux, entre autres, et de ces bois en question, furent réalisés par le premier défricheur reconnu de l’époque, Robert SART de MANCE ; D’où le nom de « Bois du SART » devenu ensuite Bois de la Sarre. Il fallait le savoir !
Enfin pour terminer toutes ces bribes, saviez-vous que vers les années 1860 à 1862 il y avait beaucoup de moulins à grains dans notre secteur, entre autres à DOHLAIN et à la CAULRE à BRIEY, le nôtre rue de la gare

COINVILLE, VILLAGE ANTIQUE et L’ABBAYE SAINTE GLOSSINDE

Coinville qui domine la vallée de l’Orne (altitude 225,30 m) possède un passé intéressant en histoire ancienne entre les 8e et 9e siècle et la période révolutionnaire après 1789.
Coinville aux vocables gallo-romains « Cointville », « Quintville » (ou la 5e lieue) « Compta Villa » et surtout « Comitisvilla », faisait partie du pagus minor de la Montagne (en latin : pays ou bourg moindre ?) de la prévôté de Briey à la fin du Moyen Age.
Coinville (Convelle en patois) avec Auboué étaient du même ban et Serry (Serrium) faisait communauté avec Coinville. Les redevances seigneuriales étaient perçues au gué d’Auboué, au pont de Moineville et au gué de Serry.
Vers 875, Coinville était siège de justices diverses ; en 1681 seigneurie justiciable (Haut-Moyen-Bas) dépendant avec Auboué du domaine royal. En 1790 Coinville, Serry, Moineville appartenaient au canton de Jouaville (Houaville), par contre Auboué à celui de Moyeuvre. En l’an III ils devenaient tous trois du domaine cantonal de Valleloy (Valleroy) ainsi qu’Auboué ; enfin en 1802 du canton de Briey.

LES BIENS DE SAINTE GLOSSINDE

L’Abbaye des dames de Sainte Glossinde (nom de Sainte Glossinde, pieuse fille du duc austrasien Wintrion, décédé en 611) était en possession de Coinville et du patronage de l’église dès l’an 821 (patente de Louis le Débonnaire). En plus des terres, elle possédait une ferme dite “la ferme franche” (maisons, granges, écuries, jardins, potagers, cours) c’est à dire ce que nous appelons la ferme de Coinville, plus l’église, sise à l’emplacement du plus ancien cimetière face à cette ferme. Par contre le presbytère était à Serry. On serait peut être tenté de croire qu’il y avait là une abbaye, mais rien ne le prouve.
Une charte donnée à Metz le 25 Novembre 875 par le roi Louis le Germanique, aux personnes consacrées à Dieu dans le Monastère de Sainte Glossinde énumère les possessions dudit monastère dont dépendait l’Abbaye. Une autre charte confirmative des biens dudit Monastère, souscrite le 1er Février 964 par l’Évêque de Metz, Thierry, fils du comte saxon Eberhard, en faveur de l’Abbesse Wode Première, mentionne Moyenville (le moine ville d’à présent) sans nommer Coinville, rappelé avec le patronage de sa cure et le même Moineville dans une bulle du 28 Avril 1139 par laquelle le Pape Innocent II ordonne, à la prière de l’abbesse Agnès, que tous les privilèges, domaines et biens qu’elle possède justement et canoniquement, ou qu’elle peut acquérir par la suite, lui demeurent et à celles qui lui succéderont (entre autres les villes et églises de Coinville et Auboué), mais une note ajoute au regard de Moineville : “annexe de Coinville”.
Coinville devient « mère église » d’Auboué, Moineville et Serry. C’était l’Évêque de Metz et l’Abbesse de Ste Glossinde qui nommaient alternativement le curé de Coinville.

LES REVENUS DE L’ABBAYE

L’abbesse prend les 2/3 de toutes les « grosses et menues dîmes », le curé l’autre tiers et tous les dîmages « des chanvres » au lieu dit « ROMANCE » et au « GRAND PRE » sur Auboué. Même proportion sur Moineville et sur un héritage appelé « la CROUEE »(???) au finage d’Homécourt, sur Sainte-Marie, Saint-Ail et ban de Valleroy.
Autres ressources : Le droit de péage au gué d’Auboué et de Serry et au pont de Moineville.
L’abbaye jouissait encore en 1790 des droits sur la pêche de la « frontière » de la paroisse du pont de Moineville au confluent avec le Woigot mais avait à sa charge la réparation de la nef de St Jean « l’église » et les ornements pour le « service divin habits sacerdotaux »

ABOLITION DES PRIVILÈGES

A l’époque révolutionnaire, après l’abolition des privilèges, le 27 Avril 1791, il y eut “vente rapide” de la ferme de Coinville, dont les terres étaient cultivées par François Moraux. C’est J.Huvert Davillée, laboureur à Ancun La Grange qui fut adjudicataire (vente aux enchères). Puis tous les autres biens de l’Abbaye à Coinville, Auboué, Serry, Moineville suivirent un sort semblable. Il est toutefois confirmé pour la ferme, qu’en 1888, elle était bien installée en ces lieux. A noter aussi que certains lieux-dits de l’époque des 8 et 9ème siècles figurent toujours au plan cadastral actuel d’AUBOUÉ, tels Romance, le Grand Pré Champlever (ce dernier devenu Champ Molène).

L’ÉGLISE SAINT-JEAN ET LES PRESBYTÈRES

Elle fut dédiée à Saint Jean le Baptiste, située sur le « rocher ». Cet édifice religieux était à l’époque assez loin de toute habitation, versant AUBOUE ou versant SERRY -MOINEVILLE et nous relevons dans le livre de DE SAILLY un passage très éloquent concernant la fatigue des desservants et aussi des fidèles.
A chacun de ses prêtres desservant l’antique paroisse, gisante en sa longueur, accolée à la rive droite de l’Orne, s’ imposait un parcours et des fatigues quotidiennes que l’altitude dominante de l’Église Saint Jean, isolée sur la plate forme de COINVILLE, accentuait largement pour sa part ; Il fallait « grimper » d’AUBOUÉ à COINVILLE, puis en descendre jusqu’à la traverse en direction de Saint- AILBATILLY pour trouver à droite, s’abaissant à mi-côte, le chemin bordé de broussailles qui menait sur SERRY avant d’atteindre MOINEVILLE et ce hameau de SERRY l’a de bonne heure désigné comme lieu convenable à l’installation d’un presbytère ; Les curés successifs s’étaient depuis longtemps habitués à SERRY. Le presbytère fut refait et agrandi par l’Abbesse Marguerite de HOTTMAN vers l’an 1734. Depuis 114 ans, les curés avaient un presbytère consistant en une loge de pierre avec deux ou trois prises d’air et n’ayant qu’une seule porte de sortie (1,94 m sur 0,81 m ).
La vieille église avait été démolie début août 1752 et remplacée par une église abbatiale, chapelle de l’Évêché de METZ, achevée au prix de 119 846 livres 19 sous 9 deniers, et bénite le dimanche du début de carême de l’année 1758. Cette église avait été modifiée en 1769 (clocher ou plutôt tour peu élevée recouverte d’une toiture à 2 pans). Ce travail confié aux ouvriers de Madame de CHOISEUL, abbesse, avait coûté, au total, avec des travaux à la ferme franche, 7368 livres 8 sous et 8 deniers.
Pour agrandir le cimetière, l’église fut démolie en 1834 et remplacée par celle actuelle d’AUBOUÉ. Le curé de COINVILLE était nommé par l’Abbesse, ainsi le 21 novembre 1743, dame de HOTTMAN désignait à ce poste Charles BERTRAND prêtre du diocèse de METZ, dont il prit possession le 28 novembre.

  • Livre : ancienne monnaie française
  • Sou : 1/20 du franc=5 centimes
  • Denier : 1/12 de sou.

LES VESTIGES

Parmi les vestiges trouvés à Coinville, il faut noter : un dallage au lieu-dit “Maches”, des murs en sous-sol près de la ferme abandonnée au lieu-dit “Pré le Prêtre” (face au nouveau cimetière sis non loin de l’autoroute actuelle)

Quant aux vestiges disparus :

  • Une villa gallo romaine
  • Maison à côté de la Source (entre Géranaux et Coinville)
  • Un cimetière mérovingien et l’ancien monastère Ste Glossinde (Il est bien difficile, voire impossible d’en trouver les traces, mais sait-on jamais)

D APRÈS: “Paroisse et Cure de Coinville” Colonel de Sailly (Typ. Crépin Leblond Nancyl8-82)”BRIEY” R. Dehlinger (Imp.Gillet Briey) Archives “Dr. P. Mangin” et “Amis de l’histoire d’Auboué”